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Philippe Besson nous parle de son prochain roman, Retour parmi les hommes

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“Il y a dix ans – c’était le 6 janvier 2001 – je publiais un petit roman, écrit dans l’urgence, et dans la fièvre, et c’était mon tout premier : « En l’absence des hommes ».  Je n’attendais rien de cette publication, déjà assez fier d’avoir retenu l’attention d’un éditeur. A ma grande surprise, ce livre a connu un assez fort retentissement, d’abord critique, ensuite public. Oui, j’ai été surpris qu’on s’intéresse à une histoire qui se passe au beau milieu de la première guerre mondiale (pas très moderne, ça) et qui met en scène deux garçons qui s’aiment (pas « mainstream »), dont l’un a seize ans et l’autre est un soldat en permission (mais Radiguet m’avait largement précédé dans le scandale). D’autant que plane sur ces ébats, la silhouette d’un écrivain considérable : Marcel Proust (et j’imaginais déjà les bâillements d’ennui), à qui j’invente une correspondance (crime de lèse-majesté, s’il en est). A l’époque, on a salué mon audace et j’ai répondu que d’audace, il n’y avait point : j’ai écrit ce texte sans jamais penser qu’il serait publié, dans une parfaite innocence, irrémédiablement perdue.
Depuis dix ans, on me parle souvent  de Vincent, le narrateur de seize ans, l’amoureux rendu à la solitude par la mort brutale de son compagnon. Plus curieux : il s’est trouvé beaucoup de lecteurs pour me demander ce qu’il était devenu. Ces interrogations répétées m’ont amené à me poser moi-même la question. Quelles routes avait-il bien pu emprunter, mon frêle jeune homme triste ? J’ai fini par trouver la réponse. Elle figure dans « Retour parmi les hommes » qui sort donc en librairie une décennie après le premier tome, jour pour jour.

Vincent a commencé par fuir, par se délester. Il s’est séparé du monde et a entamé des périples dangereux qui l’ont conduit en Italie, en Afrique, au Moyen-Orient. A l’instar de l’héroïne de « Se résoudre aux adieux », il croit que les exils sont un baume à la douleur. Il va comprendre que les exils ne règlent rien, mais cela n’empêche pas de lesentreprendre, et de les poursuivre, jusqu’à la folie. Il se retrouve sur un paquebot qui file vers l’Amérique et débarque à New York, au début des années 20, là où l’effervescence est à son comble. Toutefois, on est toujours rattrapé par son passé : en 1923, il lui faut regagner Paris. La ville a changé, il ne la reconnaît pas. Seule sa mère est intacte, bien que terriblement vieillie. Vincent n’escompte rien : il va donc rencontrer un jeune romancier de 20 ans, synthèse chimiquement pure de son amant disparu et de Proust pygmalion. Il s’appelle Radiguet (tiens, lui, à nouveau), il vient de publier « Le Diable au corps ». C’est alors l’oubli de soi dans la frénésie des années folles, avant que la malédiction ne vienne à nouveau rôder.
« Retour parmi les hommes », on le devine, contient toutes mes obsessions : la tentation de l’ailleurs, le dialogue avec les disparus, la morsure du manque, l’espoir d’une renaissance quand le désir renaît. En cela, il est peut-être mon roman le plus personnel.”

Philippe Besson



A paraître le 6 janvier aux éditions Julliard.

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